Pression sur les terres

LES BIOÉNERGIES AUGMENTENT LA PRESSION SUR LES TERRES

LES RESSOURCES TERRESTRES SONT LIMITÉES.
NOUS DEVONS LES UTILISER AVEC PARCIMONIE

Les sols sont une ressource limitée.On estime que 58.4% de la surface terrestre émergée est soumise à « une pression anthropique modérée ou intense », et cette pression s’accroît. La moitié des terres habitables dans le monde est aujourd’hui dédiée à l’agriculture. 1

L’UE est déjà un importateur net de terres agricoles sous forme d’aliments pour animaux. Cela signifie que d’énormes quantités de récoltes cultivées sur les terres d’autres pays sont importées par l’Europe pour nourrir son bétail (voir les chiffres dans le slider de droite). La demande supplémentaire de cultures pour produire des biocarburants accentue ce déséquilibre : en détournant des terres destinées à la production alimentaire, la demande européenne en biocarburants contribue à la hausse des prix et exacerbe les crises alimentaires.

QU’EST-CE-QUE LE CHANGEMENT DIRECT ET INDIRECT D’AFFECTATION DES SOLS ?

Pour produire des cultures, les humains transforment les terres naturelles (forêts, prairies, zones humides) en terres arables. Aujourd’hui, la majeure partie de ces terres est utilisée pour la production de denrées alimentaires ou destinées aux animaux. Si nous produisons de la bioénergie à partir de cultures tout en conservant la surface actuelle des terres cultivées, alors nous perdons en capacité de production alimentaire. Cette situation entraîne des Changements directs et indirects d’Affectation des Sols.

Le Changement d’Affectation des Sols Direct (CASd – plus souvent en anglais : DLUC pour « Direct Land Use Change »)signifie que nous conservons toutes les terres arables existantes pour la production alimentaire, mais que nous convertissons de nouvelles terres naturelles en terres arables pour des cultures destinées aux biocarburants.

Le Changement d’Affectation des Sols Indirect (CASi – plus souvent en anglais : ILUC pour « Indirect Land Use Change »)signifie que nous convertissons une partie des terres arables dédiées à la production alimentaire pour en faire des cultures à destination des biocarburants. Dès lors, nous convertissons d’autres habitats naturels en nouvelles terres arables (anthropisation) afin de maintenir la même capacité de production alimentaire.

Ainsi, parce qu’ils impliquent tous deux des conversions d’habitats naturels en terres arables, les changements directs et indirects d’affectation des sols ont des conséquences désastreuses sur la protection de la nature, la biodiversité et le changement climatique. Davantage d’informations sur nos pages consacrées à la faune et à la flore sauvages et au dérèglement climatique.
Image source: ECA3

La production à grande échelle de cultures destinées aux biocarburants et au biogaz entre en concurrence avec la production alimentaire et avec d’autres utilisations des terres comme les zones sauvages et non exploitées permettant à la nature de prospérer. Utiliser davantage de terrains agricoles en Europe pour produire des bioénergies diminue notre capacité de production alimentaire et implique l’importation de denrées de pays extérieurs à l’UE où l’agriculture empiète sur certains des habitats naturels les plus précieux au monde (comme les forêts tropicales).

La production de bioénergie en Europe entraine donc des changements indirects d’affectation du sol dans d’autres pays. Ces conversions de terres et d’habitats produisent des émissions supplémentaires de CO2(par déforestations et par destructions et mises en culture de zones humides, tourbières et prairies). 2, 3

L’huile de palme représente 33% de la production mondiale d’huiles végétales, et constitue l’une des principales cultures utilisées pour produire du biocarburant (près de 2/3 de l’huile de palme consommée dans l’Union européenne est brûlée comme carburant4). Mais le palmier à huile est une plante qui ne prospère que dans des climats tropicaux où la plupart des sols fertiles proviennent de forêts récemment défrichées.

Ces abattages massifs de zones forestières ont des conséquences désastreuses pour la biodiversité, en décimant par exemple les derniers habitats d’espèces animales comme l’orang-outan. Ils libèrent également d’importantes quantités de CO2 qui étaient stockées dans les arbres, en brûlant le bois lors du défrichage ou lors de la production d’énergie. Cela, sans compter la perte des puits carbones que constituaient ces précieuses forêts.

Les biocarburants émettent du CO2 tout comme les énergies fossiles. Pour produire le biocarburant destiné à la consommation allemande, on estime que plus de 1,2 million d’hectares de terres sont utilisés, soit près de cinq fois la superficie du Luxembourg. Une partie est directement produite sur le territoire allemand, le reste est importé d’un peu partout dans le monde. 5

Sur une telle surface, laisser la végétation naturelle repousser permettrait de capturer en moyenne 16,4 millions de tonnes de CO2 par an. 5 Et si seulement 3% de cette surface remise à l’état sauvage était allouée à la production d’énergie solaire, nous pourrions alors épargner pas moins de 27,5 millions de tonnes de CO2 par an !En effet, l’énergie solaire produite par panneaux photovoltaïques en plein champ est environ 34 fois plus efficace que les biocarburants produits à partir de cultures. Cela signifie que pour produire la même quantité d’énergie à destination de véhicules électriques, 97% de terres en moins seraient nécessaires par rapport aux biocarburants !5

A cela, il faut rappeler que les habitats naturels ne nous servent pas uniquement à lutter contre le dérèglement climatique. Ils offrent également de nombreux autres services écosystémiques commel’accroissement des populations de pollinisateurs, la protection contre les inondations des habitations environnantes, l’épanouissement de la vie sauvage, ou encore l’enrichissement des sols en nutriments. Utiliser la richesse des terres pour produire des biocarburants, ce n’est pas seulement un choix malavisé d’un point de vue climatique, c’est aussi un choix néfaste pour la biodiversité et les écosystèmes, parce que c’est un choix qui promeut les pratiques agricoles intensives.

NOUS DEVONS DIMINUER NOTRE PRESSION SUR LES TERRES ET ADOPTER DES PRATIQUES DURABLES

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